Ce soir-là j'étais lâche... Par Larbi At Umalou

janvier 27, 2018 by

Ce soir, je n'ai point d'inspiration. Non! Je n'en ai plus. A la vitesse où tout va mal dans mon pays, je n'ai plus envie d'écrire, de dire, médire, décrier... et pourtant je m'y connais en médisance. Ma langue fourchue s'aplatit par dépit. Non! Je n'ai point envie de me battre. 
Je suis l'algérien, mes ailes sont brulées par l'espoir, ou plus exactement par son absence. Je n'ai plus envie de crier, me battre, pour moi, ma famille et puis les autres. Du coup, je me jette en désespoir de cause dans un radeau pour creuser une énième tombe dans les eaux troubles de la Méditerranée, ou même mieux, demain j'irai me pendre au bout d'une corde, accrochée à une vulgaire branche d'un arbre quelconque. On dit que le diable nous y pousse, mais c'est normal, nous sommes en sa demeure.
Je revois ma mère qui me pleure et qui ne comprend rien : Pourquoi donc mon fils et pas celui des autres. Sans doute l'espoir. Oui encore une fois, ce maudit espoir.
Cette fois aussi, les mots se joutent mon esprit, ils refusent de donner vie à mes lèvres. Je n'ai plus envie de chercher les raisons, l'espoir, ce pays qui consume nos âmes, cette plume que je perds et ce silence qui me violente. "Ecrire exorcise, dit-on" mais les mots qui sortent en moi ne sont plus sains. Ce soir mon pays a encore cédé à ses déments et l'enfant que je fus s'était encore une fois égaré. Je n'ai point la force, je ne suis plus l'insoumis, le rebelle. Aujourd'hui je courbe l'échine et l'histoire retiendra ma lâcheté.

L. At. Umalu

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