Contribution/ Lwennas... Rétrospective par L.Malou

juin 25, 2017 by


J’étais déjà à l’époque fasciné par l’homme, par sa hargne, sa légende, car ce fut la première fois que je le voyais d’aussi près. Il y avait cette aura d’un Che Guevara qui émanait de lui. D’ailleurs, il m’a toujours fait penser à cet homme qui n’avait nulle nation que celle où la liberté était malmenée. Il partageait avec le Che, ce fait qu’ils étaient tous les deux des meneurs d’hommes.
Nous courûmes sur lui, nous lui serrâmes la main un à un et il nous a dit quelques mots en étalant son grand sourire. Je me souviens comme si c’était hier. J’étais le premier arrivé et en me serrant la main, il me fit « Azul Ay Aghiles ». A l’époque, je voulus le corriger et lui dire qu’il m’avait pris pour une autre personne et que je ne m’appelais pas Aghiles, mais je n’avais pas eu le temps. Tout le monde s’est rué lui, et ce n’est que bien plus tard que j’avais compris le sens véritable de ce prénom. Il faut dire qu’à l’époque, à 12 ans, je ne me rendis pas réellement compte de la valeur de cet homme, de sa grandeur et surtout du symbole qu’il deviendra pour des millions de gens.

Ce jour-là, je ne me rendis pas compte de ce privilège que j’avais eu : celui de me retrouver aux côtés de cette légende. Aujourd’hui encore je n’arrive toujours pas à croire que ce grand monsieur s’était adressé à moi. Je l’ai vu de très près, j’avais douze ans. J’imagine que si c’était aujourd’hui, je serais surement parti le voir et lui dire tout ce qu’il puisse représenter pour moi, ce que peuvent représenter ses chansons, son idéale pour ce pays, mais aussi, ce que je peux penser de ce combat qu’il a choisi malgré les conséquences que tout le monde lui connaît. Si c'était aujourd'hui, je me prosternerai devant le grand homme qu’il fut, pour son engagement indéfectible à son peuple, sa culture et sa langue: celle des hommes libres.

Si s’avait été le cas, j’aurais sans doute pleuré comme un enfant à qui on enlève sa mère, j’aurais pris plus de temps pour lui serrer la main, allonger mon petit sourire pendant quelque minutes de plus. Mais surtout, je me serais bagarré avec mes amis pour marcher juste à ses côtés et m’imprégner de cette aura de grand homme. Shakespeare disait : « il est des qui naissent grands, et d’autres qui conquièrent la grandeur ». Cet homme fut né petit, mais s’est accaparé de la grandeur des hommes comme ses prédécesseurs d’alors Jugurtha, Massinissa, les rois de la grande Numidie. Dès lors, j’aurais surement voulu aussi l’escorter tel un gamin courant derrière son super héro comme dans les films, pour lui montrer l’arbre centenaire que nos aïeuls se sont gardés d’abattre depuis des siècles au milieu de Tajmaat. J’aurais pu l’accompagner vers la fontaine, restée vétuste depuis le siècle dernier, essayer de lui fredonner une de ses chansons, ma préférée à l’époque : Idurar N Djerdjer, ah qu’il les aimait ses montagnes… Je me serais bien fait chasser par les grands à coups de gifles, parce que je l’importunais et directement revenir à la charge au risque d’en recevoir une autre.
En somme, si je pouvais revivre ce jour-là, j’aurais simplement profité pour connaître un moment intime avec mon idole, celui qui a changé la vie de toute une génération : Lwennas comme aiment l'appeler ses amis.

Petite pensée pour Matoub Lounes...

L.Malou


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