J'ai vingt ans... Par Larbi At Umalou

Il est 15h00, le temps n'est guère clément en ce pays qu'est le mien. D'ailleurs rien n'y est clémentl. Oui! L'été nous incombe les feux et le soleil, son atmosphère scie nos journées accablées.

J'ai vingt ans et je ne peux dire que je croque la vie à pleines dents. Je ressens un manque, chaque jour de ce quelque chose que je vois un peu partout, mais jamais chez nous...

Ils la regardent, la toisent, la jugent se font des films pour les uns, les autres la maudissent. Elle est un peu trop "peu" vêtue, et pourtant elle est plus que décente.

Elle me serre la main, elle a vu l'inquisition dans leurs yeux et moi, en spectateur hagard, je rançonne mon ego flétri sur cette honte que mes pas charrient.

J'ai vingt ans, elle en a un peu moins. Mon sang bouillonne, mais le doute le crible et l'assainie comme ce ballon de baudruche. Est-ce le doute ou est-ce la peur? Est-ce la raison ou est-ce de la lâcheté? Je me recroqueville alors sur moi-même.

Elle a toujours un peu moins que vingt ans, mais soudain, elle en a pris deux autres vingt ans. Elle a honte, elle a peur, elle se mit à se poser des questions sur son intégrité. Elle est jeune et elle en a honte. Elle me lâche la main, n'osa point me regarder. Est-ce un désaveu ou est-ce un réflexe? La cadence de ses pas se fit plus hâtive, l'instinct de tirer sa jupe vers le bas l'inonde et le détour d'une rue salvatrice mit fin à son humiliation.

J'avais vingt ans. Ce jour-là, la honte prima sur moi pour la première fois. Elle en avait un peu moins, toujours, de vingt ans, notre honte n'était pas la même. Moi j'étais lâche et elle, elle n'y pouvait rien. J'étais complaisant, à ma façon, elle était victime des yeux et des moeurs rétrogrades, sans façon.
J'avais vingt ans, elle en avait un peu moins, soudain nous avions eu honte de notre jeunesse.

L. At Umalou