Lettre d'un toxicomane. Par Larbi At Umalou

août 26, 2017 by


Il fait nuit? Il fait jour? Où suis-je? Qui suis-je? J'ai comme ce gout ocre qui se dilue dans ma bouche. Ma langue est acide, elle croule sous cette bave oxydée. Mon nom, je ne m'en rappelle point. Ma mère également, et mes larmes qui lacèrent mes certitudes. 

Mes lèvres s'en souviennent. Une asialie s'accroche à elles. Mes pupilles se dilatent. Elles ne se font plus d'illusions. Et alors! J'ai le tourment en mon âme.

Elle est fade, écorchée et totalement ensablée sous cette envie pressante. J'en redemande. J'ai mal en ma chair mais mon esprit s'envole. Est-ce un effet placebo? Et puis je vole et je vole et puis je m'écrase, je retombe sur terre.

J'ai soudain le mal en moi. Mon bras s'en souvient. Il le pénètre, il y déverse la mort et mes veines se gonflent encore et encore. Elles sont rassasiées, mais elles ne purent s'en accommoder. Je me palpe, je me vois par au loin, vide et incertain. Je ne me reconnais plus. Est-ce encore l'effet placebo? Et puis je ne me retiens plus.

J'ai honte, mais je ne me rend pas compte. La premiere était un plaisir, mais le reste fut un besoin. C'est fou de vouloir un besoin d'avoir mal. Je me déteste. Je me dégoûte, mais je ne peut point. Je me sens sombrer au grès de ma douleur. Je pense à ma mère à un moment, et puis merde! Qui c'est ma mère? Et puis merde qui suis-je moi-même? Je m'écroule au quai d'une gare, sous un pont ou au détour d'une rue sombre et puis j'ai froid. Je me reveille, j'essuie mes larmes, l'aiguille qui pend encore de mon bras et je me regarde et puis je ne sais plus qui je suis.

L. At Umalou


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